1943 DORA 1945
DORA-MITTELBAU EST LE KZ DES V1 ET V2, LES ARMES SECRÈTES ALLEMANDES. LE CAMP EXTÉRIEUR ET LE TUNNEL
Dora a été l’un des Kommandos les plus complexes, les plus impérieux, les plus exterminateurs. Dora Kommando de Buchenwald août 1943 à octobre 1944. Le KZ de Dora (selon certaines traditions orales des concentrationnaires, Dora serai un sigle obtenu par la contraction de: Deutsche Organisation Reichs Arbeit). Dora a été créée par un Arbeitskommando du KZ de Buchenwald en 1943, du fait des raids aériens alliés, Hitler a pris la décision d’implanter progressivement les fabrications d’armements dans des usines souterraines afin de les mettrent à l’abri. Or les 17 et 18 août 1943, la Royal Air Force détruit la base de Peenmünde, situé au bord de la mer Baltique, la où les nazis ont installé le centre d’éssai de leurs armes secrètes, les V1 et V2, sur lesquelles il compte pour renverser en sa faveur la situation militaire. La décision est aussitôt prise de transférer l’usine qui construit les V1et V2 dans un site souterrain creusé dans le Kohnstein, où ils existent déjà des galeries.
C’est l’entreprise industrielle Mittelwerke qui est chargée des travaux, d’où le nom de (Mittelbau) désignant l’ensemble des installations aménagées autour de Dora. Il est fait appel à la main-d’œuvre concentrationnaire, qui représente pour les nazis le double aventage d’être peu coûteuse et de pouvoir être réduite au silence par l’extermination afin de protéger le secret de la fabrication d’armes vitales pour le Reich.
TÉMOIGNAGE
Charles Sadron : déporté à Dora de février 1944 à avril 1945, décrit ainsi le camp extérieur d’une part, l’usine souterraine d’autre part : Le camp, avec ses barbelés et ses miradors classiques, est rassemblé dans le creux d’un vallon assombri par la forêt de hêtres, de bouleaux et de mélèzes qui couvrent des versants. L’un deux, au nord, constitue le flanc de la colline, sous laquel vit l’usine. De la crète de l’autre, au sud, on aperçoit au loin des contreforts du Harz. Plus près, à quelques kilomètres, fument les cheminées d’usines et se dressent les clochers de la ville de Nordhausen. Plus près encore, ce sont les baraquements des gares de triages de Dora. Dans un fouillis de matériaux de construction de toutes sortes.
Vue d’ensemble du camp
Quand vous quittez la sortie du tunnel, vous montez vers le camp en suivant un vallon. Un chemin bordé de pommiers et de baraquements SS vous conduit pendant 800 mètres jusqu’à l’entrée du camp aménagés entre les extrémités de deux baraquements administratifs. L’entrée à peine franchie, vous débouchez sur deux immenses places d’appel, où peuvent se rassembler jusqu’à 12 000 hommes. Plus loin sont les baraquements des détenus, les cuisines énormes, les magasins et l’inévitable crématoire. Tous ces bâtiments sont allongés et plats, peint d’une couleur verdâtre. Ils sont disséminés sans plan apparent au milieu du terrain conquis sur la forêt. Certains disparaissent même dans les bois. Comme l’usine, le camp n’est pas achevé lorsque j’arrive. Ce n’est qu’à la fin de l’été 1944 qu’apparaissent les pistes de ciment et que sont dallées les places d’appel où, plus tôt, la boue s’accumulait en profonds marécages.
Vue des barraquements du camp de Dora, situé sur le massif du Harz, non loin de la ville de Norlingen. L’installation du camp de Dora et de ses anexes est rattachée à l’histoire du développement des armes secrètes allemandes et du bombardement de Peenemünde.
LE SORT DES DÉPORTÉS
Moteurs de V2 découvert par les Américains dans un des tunnels de Dora
Après avoir découvert ces fabriques de V2, les Américains s’emparèrent des plans des fusées, puis transfèrent aux État-Unis von Braun et ses collaborateurs. Les Russes en firent autant avec d’autres savants. Cette mauvaise conscience explique peut-être le silence des deux Grand sur Dora. Mais c’est dans l’enfer où prirent 30 000 déportés transformés en (taupes) que se préparèrent les premiers pas de l’homme sur la lune. Ùla conquête de l’espace est entachée du sang des esclaves de Dora.
De mai à octobre 1944, certaines améliorations sont apportées à la vie des détenus. La nourriture est un peu plus abondante. Quelques lavabos sont installés. Une infirmerie est créée. C’est que la Wehrmacht connaît de terribles revers et qu’il faut à tout prix produire massivement ces armes secrètes qui constituent désormais le seul espoir de victoire. Les forcâts doivent donc pouvoir être assez solides pour effectuer leur travail.
La troisième période se situe entre octobre 1944 et avril 1945.
EFFECTIF DU KZ
L’effectif du KZ au 28 octobre 1944, est connu grâce à une note envoyés ce jour-la par l’Arbeitsttistik de Dora au chef de l’Arbeitseinsatx de Buchenwald.
Voici la liste des Kommandos avec le nombre des déportés affectés à chacun : 1 Baubrigade (construction) 441; 3 Baubrigde (construction) 966; 4 baubrigade (construction) 826; 5 Baubrigade (construction) 648; 1 Eisenbahnbaubigrade (gare) 514; Einsenbahbaubrigade (gare) 499; Klosterwerke-Blasskenburg 500; Curt Herbert-Oterode 272;A5 134; B4 251; Rautal Werke-Wernigerode 789; Dora 23 614; B3 3 050 : ce qui donne un total de 32 634 déportés.
LE SORT DES DÉPORTÉS
Trois périodes peuvent se distinguer dans l’histoire du KZ. Pendant la période initiale allant d’août 1943 à avril 1944, les déportés ont à construire le camp extérieur et à installer l’usine dans les galeries existantes, puis à creuser de nouvelles galeries. Tous les témoignages concordent pour indiquer que les conditions de vie sont alors extrêmements difficiles, surtout pour les détenus travaillants dans les tunnels, qui ne voient jamais le jour. Nourriture, et boisson sont insuffisantes, le travail est harassant, le rytme du transport par wagonnets est infernal. Dans les galeries où résonnent sans cesse des plaintes et des tirs de mines, il est très difficile de dormir. Les SS et Kapos sont aussi brutaux que dans les autres KZ.
Les conditions de vie deviennent terribles. L’Allemagne, réduite à son propre territoire, doit se rationner. De ce fait, la nourriture des déportés est considérablement réduite. La brutalité des kapos et des SS s’aggravent, car il faut absolument que le rendement s’accroisse afin de produire plus de V1 et V2, maintenant que l’invasion du Reich lui-même est imminente.
Au déportés-travailleurs méritant, il arrivait que l’administration du camp remit des bons de cantine pour l’achat de nourriture.
Un sauf-conduit est remis au détenus qui devait lui faciliter son retour en France.
Le passage que nous empruntons nous conduit à une autre caverne. On y accède par une petite ouverture. On nous indique que cet antre sera notre dortoir. On découvre des châlits dressés sur quatre étages. Il y a dix travées. Je pense au tunnel du Metropolis de Fritz Lang, après la construction du camp extérieur, les détenus y furent entassés; leurs effectifs s’éleva jusqu’à 28 000 en 1944.
Nous avons douze heures de travail par jour, de 9 heures du matin à 9 heures du soir, avec trois quars d’heure de pause dans l’après-midi. Nous dormons au tunnel, le réveil est à 4 heures 30. Deux heures plus tard nous sortons et nous montons vers le camp où nous mangeons la soupe. Aussitôt après nous redescendons. Ces opérations si simples durent, à cause de la mauvaise organisation et des contrôles incessants assez longtemps pour que, dès notre retour, il soit temps de nous mettre au travail. Et cela recommence indéfiniment, dimanche comme semaine.
Au bout de quelques jours nous sommes fourbus. Car si l’emploi du temps prévoit presque sept heures de repos par nuit, les soi-disant nécessités du service : contrôle de fiches, piqûres, désinfectations, ainsi que les négligences dans les distributions de nourriture, font que nous ne pouvons guère penser nous étendre sur notre grabat avant minuit. Il ne nous reste ainsi que quatre ou cinq heures de sommeil.
Photo prise à l'occasion de l'inspection de militaires alliés de l'armée de l'air dans le complexe souterrain de Dora Mittelwerk, après la libération du camp en 1945.
TÉMOIGNAGES
Le camp avec ses barbelés et ses miradors classiques, est rassemblé dans le creux d’un vallon assombri par la forêt de hêtres, de bouleaux et de mélèzes qui couvrent ses vesants. Quand vous quittez la sortie du tunnel, vous montez vers le camp en suivant le fond du vallon. Un chemin bordé de pommiers et de barraquements SS vous conduit pendant 800 mètres jusqu’à l’entrée du camp.
Intérieur d’un tunnel de Dora
DANS LE TUNNEL
Deux grands tunnels, désignés par les lettres A et B, sensiblement parll;les ayant environs 3 kilomètres de long. Ces deux tunnels principaux sont reliés entre eux par une quarantaine de galeriea appelé Hallen, tous orientés d’est-ouest. Un important réseau ferré amène les pièces détachées par train entier nourrire l’usine par l’orifices nord du tunnel A.1.
Section d’un tunnel avec des V2 en chaîne de montage
LES DERNIERS MOIS
Nous avons douze heures de travail par jour, de 9 h am à 9 heures pm, avec trois quart d’heures de pause dans l’après-midi. Nous dormons au tunnel, le réveil est à 4 h 30. Deux heures plus tard, nous sortons et nous montons vers le camp où nous mangeons la soupe. Aussitôt nous redécendons. Ces opérations si simples durent longtemps à cause de la mauvaise organisation et des contrôles incessants, assez longtemps pour que dès notre retour, il soit temps de nous mettre au travail, et cela recommence indéfiniment, le dimanche, comme la semaine.
SABOTAGES
La plupart des témoignages des anciens détenus de Dora, évoqient les sabotages. V1 et V2 nécesitant des appareillages délicats. Il est relativement facile d’omettre ou de fausser un composant. Ce qui enlève toute fiabilité à l’engin utilisé. Les actes de sabotages se multiplient à la fin de 1944. Stimulés par la fin de la guerre.
La première fusée V1 s’abat sur la Grande-Bretagne dans la nuit du 15 juin 1944, sur les 11 300 V1 tirés sur l’Angleterre, un ciquième manque le départ. Sur 10 800 V2 tiré jusqu’en mai 1945, 5 000 éclatent au départ et la moitié seulement atteint les îles Britanniques. Il est difficile d’apprécier la part de sabotage dans ces échecs.
Hermann Langbein rapporte le texte de la circulaire du 8 janvier 1945 de la direction du KZ : Nous avons sujet de signaler qu’à maintes reprises, par des pertubations, des destructions et vols, des dommages ont été sciemment et volontairement causés à nos installations. C’est qu’à côté des sabotages individuels existe une résistance plus concertée mais mal connue, où les communistes semblent avoir joué un rôle important. Il faut conclure que dans la dernière phase de la guerre, des détenus soumis à une terreur paroxysmique ont tout risqué pour diminuer les chances qu’avait le régime national-socialiste de repousser la défaite au moyen d’armes nouvelles.
Amoncellements de cadavres dans la cour du camp de Dora-Nordhausen lors de sa libération par les Alliés le 12 avril 1945.
LA FIN DE DORA
À partir du printemps de 1945, l’évacuation des camps de Pologne amène à Dora de longs convois de déportés décharnés et de cadavres. Le four crématoire qui fonctionne jour et nuit ne suffit plus pour incinérer tous les corps. En avril, les bombardements aériens s’intensifient aux alentours. Des forteresses-volante survolent régulièrement le KZ, où les alertes sont incessantes. La fabrication subit des à –coups sérieux. Il arrive de plus en plus fréquement que le travail doir cesser, car les pièces indispenssables n’arrivent plus. Durement touchées, les centrales électriques ne fournissent plus de courant d’une façon continue. La discipline se relâche, la fin approche pour les détenus du camp.
Procès de 19 accusés pour les atrocités commis au camp de Dora-Mittelbau
LA FIN DE DORA
À partir du printemps de 1945, l’évacuation des camps de Pologne amène à Dora de longs convois de déportés décharnés et de cadavres. Le four crématoire qui fonctionne jour et nuit ne suffit plus pour incinérer tous les corps. En avril, les bombardements aériens s’intensifient aux alentours. Des forteresses-volante survolent régulièrement le KZ, où les alertes sont incessantes. La fabrication subit des à –coups sérieux. Il arrive de plus en plus fréquement que le travail doir cesser, car les pièces indispenssables n’arrivent plus. Durement touchées, les centrales électriques ne fournissent plus de courant d’une façon continue. La discipline se relâche, la fin approche pour les détenus du camp.
Beaucoups de malheureux vont périr lors de l’évacuation du KZ. Parmi les victimes, une mention spéciale doit être faite pour le millier de déportés brûlés vifs dans la grange de Gardelegen, le 13 avril 1945, un train transportant des déportés s’arrête dans la petite ville de Mieste. Ils sont ammenés à pied à Gardelegen. Le récit suivant extrait du rapport d’une enquête officielle américaine :
Tous les prisonniers furent donc rassemblés à 7 heures du soir devant la grange et on leur ordonna d’y entrer. Pour les faires aller plus vite, un parachutiste fit marcher sa mitraillette et tua plusieurs prisonniers. Le sol de la grange était couvert d’une abondante couche de paille arrosée d’essence. Lorsque tous les prisonniers furent entrées, on ferma les portes, on les bloqua avec des pierres et un sergent SS pénétra par l’une des portes pas encore fermée, il alluma la paille avec une allumette. Les prisonniers éteignirent le feu, mais le SS recommença, et le feu fut de nouveau éteint par les prisonniers de leurs mains nues. Alors les criminels se mirent à lancer des grenades à main, à tirer des Panzefaust et des balles dans la grange, tuant de nombreux prisonniers et rallumant le feu qui s’étendi rapidement et ils furent presque tous brûlés vifs. Les gardes, et en particulier les SS et les parachutistes, faisaient la chaîne autour de la grange avec des mitraillettes pour empêcher toute évasion. Quelques gardes SS avaient des chiens avec eux pour chasser ceux qui éventuellement assayaient de s’évader. Les gémissements et les hurlements de ces êtres qui demandaient grâce alors qu’on les brûlait vifs n’adoucirent pas les Allemands, l’incendie dura plusieurs heures. Il n’y a pas eu de chambre à gaz à Dora.
Wernher von Braun, un bras dans le plâtre, le savant allemand von Braun, père des fusées V1 et V2, est arrêté en 1945, en Bavière par les Américains, en même temps que ses compatriotes. (De gauche à droite, le major général W. Dornberger qui dirigeait le laboratoire expérimental de Peenemünde, les savant H. Axter et H. Lindenberg). Les Américains récupèreront von Braun qui travaillera pour leur compte.
Les ingénieurs et savants dont Werhner von Braun qui ont produit les fusées V1 et V2 après le bombardement de Peenemünde ont produits à Dora les mêmes fusées qui ont ravagé Londres. Ont été arrêté en 1945 par les Américains.
CONCLUSION
L’effectif de Dora et de ses 32 Kommandos s’élève à 32 534 déportés en octobre 1944. Les Kommandos comptent de quelques dizaines à des milliers de détenus. Les plus importants étant, outre Dora-Mittelbau ceux d’Ellrich d’Hartzungen et de la Noelke Kaserne. Charles Sadron estime que plus de 15 000 personnes sont mortes avant les évacuations.
M Jean Mialet, de l’amical des déportés politiques et de la Résistance de Dora, constate qu'’aucune statistique définitive n’a pu être établie. Il estime que plus de 60 000 déportés sont passés à Dora et dans ses Kommandos, et plus de 20 000 y sont morts : Ces chiffres semblent les plus faibles.
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