CAMPS DE CONCENTRATION NAZIS

CAMPS DE CONCENTRATION NAZIS

CAMPS DE CONCENTRATION


1939 STUTTHOF 1945

1939 STUTTHOF1945

 CAMP DE CONCENTRATION

 

Le Stutthof est le premier camp de concentration établi en dehors du territoire allemand. Sa construction commença dès août 1939 sur le territoire de la ville libre de Gdansk (Dantzig), à 34 km de cette ville, sur un terrain entouré par les eaux de la Vistule et de la mer Baltique. Terminé le 2 septembre 1939, il était situé dans un endroit retiré, humide et boisé, à l'ouest de la petite ville de Sztutowo (allemand : Stutthof). Ce camp fut le dernier libéré par les Alliés, le 9 mai 1945. Plus de 85 000 personnesy périrent sur les 110 000 qui y furent déportées.

Entrée du camp de Stutthof.

Les autorités nazies de la Ville libre de Dantzig avaient commencé à rassembler des données sur les Juifs et l'intelligentsia polonaise dès 1936, ainsi qu'à passer en revue les emplacements possibles pour des camps de concentration dans la région. À l'origine, le Stutthoff était un camp d'internement civil sous l'autorité du chef de la police de Dantzig. En novembre 1941, il devint un camp d'éducation par le travail administré par la Police de Sécurité allemande. Finalement, en janvier 1942, le Stutthoff devint un camp de concentration ordinaire. Il évoluera vers un camp d'extermination.

D'après un document établi le 2 septembre 1942 par le contrôleur financier du camp de Stutthof, ce KZ aurait été créé dès août 1939, c'est-à-dire dès l'occupation de Dantzig par le Reich et avant le début de la guerre contre la Pologne (en même temps que sept autres camps d'internement nécessaires pour incarcérer les éléments polonais suspects.

Ouverture des fours crématoires

ANCIEN CAMP

L'ancien camp est bâti sur le même modèle que les autres KZ. Il forme un quadrilatère de 900 mètres de large sur 1 kilomètre de long. Bientôt sa superficie dépassera 120 hectares. En janvier 1945, il comprendra trois parties : l'ancien camp, le nouveau camp et un troisième camp dit camp spécial .Une ligne de chemin de fer à voie étroite dessert les différentes parties du KZ. L'album personnel de photographies de l'ancien commandant du camp permet de suivre les phases de cette extension. Au début de 1945, l'ancien camp  comprend une zone entourée de fils de fer barbelés renfermant les blocks en bois, le revier (infirmerie) et des ateliers pour maçons et charpentiers. À l'extérieur sont situés les bâtiments administratifs, le bunker et le bureau du commandant. À l'est ont été construits un vaste crématorium à plusieurs fours et une chambre à gaz, ainsi que des garages et des entrepôts. Au nord sont cultivés des jardins et des potagers.

Le camp comprenait huit baraques pour les prisonniers et une kommandantur pour les gardiens SS, totalisant 120 000 m2. En 1943, le camp fut agrandi et un nouveau camp construit le long de l'ancien. Il fut aussi entouré par une clôture de fil de fer barbelé électrifié. Il comprenait alors trente nouvelles baraques, portant la surface totale à 1 2 km2.

Un four crématoire et une chambre à gaz furent ajoutés en 1943, juste à temps pour démarrer les exécutions de masse quand le Stutthof fut inclus dans la Solution finale en juin 1944. Des wagons à gaz mobiles furent aussi utilisés pour compléter la capacité maximum des chambres à gaz (150 personnes par exécution) en cas de besoin.

NOUVEAU CAMP

Le nouveau camp est situé au-delà des jardins. Beaucoup plus vaste, il est entièrement entouré de barbelés électrifiés. Il comporte 40 blocks de même dimension : 10 pour les ateliers (dans l'ordre d'importance, les selliers, les cordonniers, les tailleurs, les armuriers), 20 pour le logement des détenus, 10 pour les prisonnières juives - ces 10 blocks sont entourés d'une nouvelle barrière de barbelés électrifiés, qui en font un camp dans le camp). Le camp spécial est, lui, complètement clos par un mur, surmonté également de barbelés électrifiés. Il comprend 3 blocks, isolés entre eux, où sont logés des déportés.

Plus loin se trouvent des bâtiments administratifs, techniques et commerciaux, ainsi qu'une usine fabriquant des pièces détachées pour les avions Focke-Wulf. Un nouveau mur d'enceinte, entouré de barbelés électrifiés, entoure l'ensemble du KZ. Il est surmonté de place en place par des miradors dotés de mitrailleuses. À l'extérieur du KZ, des constructions plus récentes abritent les spécialistes et employés civils, ainsi que l'école de la police ukrainienne. La garnison est logée dans des baraquements situés à 1 kilomètre à l'ouest ; elle compte plus de 500 SS.

POPULATION CARCÉRALE D’ORIGINE

Le camp reçoit d'abord 150 Polonais arrêtés à Dantzig par les nazis qui entreprennent, à l'automne 1939, la construction d'un camp modeste destiné à des Polonais non juifs mais antinazis. En fait, il reçoit rapidement quelques Allemands opposés au régime et, le 2 septembre 1939, un convoi de 250 prisonniers de guerre polonais. Au printemps 1941, le KZ ne contient, en dehors d'eux, qu'une cinquantaine de détenus allemands et juifs. Mais il va bientôt devoir s'agrandir pour être en mesure d'accueillir un flot continu de nouveaux déportés.

PERSONNEL DU CAMP

Les commandants du camp ont été :

SS-Hauptsturmführer Max Pauly (2 septembre 1939 – 31 août 1942)

SS-Sturmbannführer Paul Werner Hoppe (septembre 1942 – mai 1945)

SS Oberscharführer Johann Pauls (?)

 

Dans l'ordre de leur suspension aux potences, de gauche vers le centre :

Jenny-Wanda Barkmann, Aufsehrinen SS (première à être exécutée),

Ewa Paradies, Aufsehrinen SS (dernière à être exécutée),

Elisabeth Becker, Aufsehrinen SS,

Wanda Klaff, Aufsehrinen SS,

Gerda Steinhoff, Oberaufsehrinen SS (potence centrale, à droite du commandant

Johann Pauls, commandant SS du camp.

Le personnel du camp était composé de gardiens SS et, après 1943, d'auxiliaires ukrainiens. En 1942, les premières femmes prisonnières et les femmes gardiens SS arrivèrent au Stutthof, dont l'Aufseherin Herta Bothe. Un total de 130 femmes servait dans le complexe des camps du Stutthof. Trente-quatre gardiennes, dont Gerda Steinhoff, Rosy Suess, Ewa Paradies et Jenny-Wanda Barkmann, ont été identifiées plus tard comme ayant commis des crimes contre l'humanité au Stutthof. En juin 1944, les SS du Stutthof commencèrent à recruter des femmes de Dantzig et des villes environnantes pour les former comme gardiennes, à cause d'une pénurie de gardiens. En 1944 un sous-camp de femmes du Stutthof appelé Bromberg-Ouest (Konzentrationslager Bromberg-Ost) fut installé dans la ville de Bydgoszcz.

Plusieurs volontaires Waffen-SS norvégiens travaillèrent comme gardiens ou comme instructeurs pour les prisonniers venant de pays nordiques, selon des chercheurs du Centre d’Études de l'Holocauste et des Minorités Religieuses[

ÉVOLUTION DE LA POPULATION DE DÉTENUS

Intérieur de la chambre à gaz.

Les premières personnes emprisonnées le 2 septembre 1939 furent 150 citoyens polonais arrêtés dans les rues de Dantzig juste après le début de la guerre. La population carcérale atteindra 6 000 personnes dans les deux semaines suivantes, le 15 septembre 1939.

Le 1er octobre 1940 le Stutthoff devient un camp principal subordonné au SS-Oberabschnitt Weichsel. Après la visite de Heinrich Himmler le 23 novembre 1941, il est intégré dans le plan d'extermination et élargi à 120 ha. En septembre 1942 un crématoire est construit, puis une chambre à gaz en 1943. Au début de 1944 les détenus seront gazés à l'aide de Zyklon B.

Des dizaines de milliers de personnes, peut-être plus de 110 000, furent déportés au camp de Stutthof. Les prisonniers étaient principalement des polonais non-juifs. Il y avait aussi des juifs polonais de Varsovie et Białystok ainsi que des juifs venant de camps de travaux forcés des États baltes occupés, que les Allemands avaient évacués lors de l'approche de l'Armée rouge en 1944. Ces totaux sont donnés à titre conservatoire : on pense que les détenus envoyés immédiatement à l'exécution n'étaient pas enregistrés. Un certain nombre d'Allemands y furent aussi envoyés ; ils étaient connus comme formant  l'aristocratie du camp. Un groupe important de criminels allemands se vit confier des positions de kapos et terrorisaient les autres détenus. D'autres Allemands, dont un couple de sociaux-démocrates et plus tard des membres de factions militaires qui avaient tenté de renverser Hitler y furent détenus. En 1945 les autorités du camp notaient que 35 % des détenus étaient Polonais, 8 % Russes et 7 % Allemands (quelques-uns étaient Polonais et refusaient d'accepter l'assimilation allemande forcée (Volksliste).

Bâtiment du crématoire

CONDITIONS D’EXISTENCE

Les conditions d'existence étaient rudes pour les détenus. Beaucoup d'entre eux sont morts du fait des épidémies de typhus qui ont balayé le camp pendant les hivers de 1942 et 1944. Ceux que les gardiens SS jugeaient trop faibles ou trop malades pour travailler étaient envoyés à la chambre à gaz. Le passage au Zyklon B commença en juin 1944.

Les médecins du camp tuèrent aussi des prisonniers malades ou blessés dans l'infirmerie avec des injections mortelles. Plus de 85 000 personnes moururent dans le camp.

Les Allemands utilisaient les prisonniers comme travailleurs forcés. Quelques prisonniers travaillèrent dans des entreprises propriétés de la SS comme la Deutsche Ausrüstungswerke (DAW), localisée près du camp. D'autres travaillaient dans des briqueteries, dans l'industrie privée, en agriculture ou dans les ateliers du camp en 1944. Comme main d'œuvre de travail forcé, les prisonniers des camps devinrent extrêmement importants pour les industries de production d'armements : une usine d'avions Focke-Wulf fut construite à Stutthof. Graduellement, le système de camps du Stutthof devint un grand réseau de camps de travail ; 105 sous-camps (satellites) du Stutthof furent établis à travers la Pologne du nord et du centre. Les plus importants sous-camps étaient Thorn et Elbing.

L'ancien détenu du Stutthoff et écrivain lituanien Balys Sruoga est l'auteur d'une nouvelle, Dievų miškas (The Forest of Gods, la forêt des Dieux), qui décrit la vie quotidienne de ce camp.

PRODUCTION DE SAVON À PARTIR DE CORPS

Le site Jewish Gen. Stutthof campdéclare au sujet de cette production : Un des pires crimes commis par les nazis eut lieu au camp de Stutthof ». La dénomination de R.J.F. (Reines jüdisches Fett) serait une insulte grave !

Le camp de Stutthof fut choisi comme une source possible de restes humains que le Dr Rudolf Spanner utilisa pour fabriquer une quantité limitée de savon à base de graisse humaine.

Il existe des preuves qu'une production à petite échelle de savon à base de graisse humaine a été menée dans le camp de concentration du Stutthof.

Dans son livre Russia at War 1941 to 1945, Alexander Werth rapporte qu'en visitant Gdańsk/Dantzig en 1945, peu après sa libération par l'Armée rouge, il vit une usine expérimentale à l'extérieur de la ville destinée à fabrique du savon à partir de corps humains. Selon Werth, elle était dirigée par un professeur allemand appelé Spanner et était une vision de cauchemar, avec ses bacs pleins de têtes humaines et de torses baignant dans des liquides, et ses bacs pleins d'une substance molle - savon humain.

 

ÉVACUATION DU CAMP

Préparée à partir du mois d'octobre 1944, l'évacuation du camp est soigneusement organisée : responsables, itinéraires, consignes. Cependant la libération des pays baltes entraine l'arrivée des déportés des camps de concentrations qui s'y trouvent entre la fin de l'été et l'automne 1944. Cet afflux de déportés, pour certains inaptes, dans un contexte de préparation d'évacuation pousse les responsables du camp à mettre en place une chambre à gaz dans un wagon désaffecté, pour éliminer rapidement les détenus les plus faibles.

Au début de l'année 1945, Katzmann, responsable SS du Gau de Dantzig, multiplie les consignes en vue de l'évacuation, non seulement du camp, mais aussi de la région. Dans le contexte de fuite éperdue des populations vers l'Ouest, l'évacuation, préparée de longue date, se déroule de manière ordonnée, à partir du 25 janvier. Les prisonniers inaptes sont exécutés le long des routes. Dans les camps satellites, les détenus connaissent des sorts variables en fonction de proximités des troupes soviétiques : ainsi, les gardiens d'une colonne de déportés, multiplient les détours pour éviter les troupes soviétiques qui investissent la Poméranie, et semblent plus préoccupés de leur avenir que de celui des détenus.

LIBÉRATION

L'Armée rouge a libéré le camp et quelques centaines de prisonniers le 9 mai 1945. Ces derniers s'étaient cachés pour éviter l'évacuation finale. Ils seront de précieux témoins pour les procès à venir.

LES PROCÈS DU STUTTHOF

Le camp en 2000

Les Procès de Nuremberg ne concernaient pas le personnel du camp de concentration du Stutthof. Cependant, les Polonais tinrent quatre procès à Gdańsk contre les gardiens et Kapos de camp de concentration du Stutthof, les accusant de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Le premier procès fut tenu contre 13 ex-officiers et kapos du camp. Il se déroula du 25 avril au 31 mai 1946. La Cour de justice criminelle spéciale Sovieto/Polonaise les reconnut tous coupables des accusations. Onze d'entre eux (cinq hommes et 5 gardiennes), dont le commandant Johann Pauls, furent condamnés à mort. Les autres furent condamnés à des peines diverses d'emprisonnement. Les exécutions eurent lieu par pendaison publique.

Voici les sentences prononcées lors de ce premier procès. Condamnés à mort, tous exécutés le 4 juillet 1946 :

Le second procès s'ouvrit le 8 janvier 1947 et dura jusqu'au 31 janvier 1947, devant une Cour criminelle spéciale polonaise. 24 ex-officiers et gardes du Stutthof y furent jugés et reconnus coupables. Dix furent condamnés à mort.

Le troisième procès se déroula du 5 au 10 novembre 1947, devant une Cour Spéciale criminelle polonaise. 20 ex-officiers et gardiens y comparurent, dont 19 furent reconnus coupables. Un fut acquitté.

Le quatrième et dernier procès se déroula également devant une Cour de Justice criminelle spéciale polonaise, du 19 au 29 novembre 1947. Sur les 27 ex-officiers et gardiens jugés, 26 furent reconnus coupables et un fut acquitté.


12/04/2013
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1940 RAWA-RUSKA 1945

NI KZ, NI CAMP D’EXTERMINATION, RAWA-RUSKA EST UN CAMP DE REPRÉSAILLES POUR PRISONNIERS DE GUERRE ÉVADÉS.

Le 12 novembre 1965, le président des anciens de Rawa-Ruska (Nom de cette association : Union nationale des déportés de Rawa-Ruska, ceux de Rawa-Ruska) M. Abert Guelain, a remis aux autorités un mémoire en vue de la reconnaissance de la qualité de déportés résistant  à ceux qui avaient été détenus dans ce camp. Ce document officiel apporte des précisions sur le camp et sur le sort des Français incarcérés.

Il y avait ni paillasse ni paille, ni couverture, les hommes couchaient à même le sol ou sur des bas-flanc à trois ou quatre étages entre lesquels ils pouvaient à peine se tenir assis. Une affiche placardée dans tous les Stalags le 21 mars 1942 précise ceux qui iront rejoindre le camp disciplinaire de Rawa-Ruska: Tous les prisonniers français et belges refusant de travailler ; les prisonniers français et belges particulièrement soupconnés de préparer une évasion ; les sous-officiers qui, jusque-là volontaires, refusent de travailler, doivent compter sur un départ vers l’est ; aucun égard pour la profession ne sera pris pour le travail effectué à l’est ; toute tâche devra être exécutée.

Le Block IV

Le 13 avril 1942 arrive à Rawa-Ruska le premier convoi de Français. Ils sont 2 000. D’autres suivront rapidement. Un mémoire décrit les conditions des transferts de ces prisonniers punis.

Mirador du camp de Rawa-Ruska

Le voyage s’effectuait dans les mêmes conditions : six à sept par jours, nuits  (ou plus) dans des wagons à bestiaux verrouillés, sans paille sans couverture, avec 50, 60, 70, ou 80 personnes (quelquefois) par wagon. En cours de transfert, il n’était distribué qu’une ou deux soupes innommable, d’un volume d’environ un quart à un demi-litre, servies dans des récipients de fortune (vieilles boîtes de conserve rouillées) fournis par les convoyeurs à qui il fallait les rendres, et que les hommes se repassaient entre eux car ils étaient en nombre insuffisant. Bien souvent, les hommes ne pouvaient faire leurs besoins que dans un coin du wagon. Il arrivait qu’en raison du grand nombre de personnes, certains ne pouvaient que se soulager sur place.

LA VIE QUOTIDIENNE

Presque tous les hommes avaient les pieds nus dans des sabots ou des claquettes en bois, ils étaient vêtus de haillons. Ils n'avaient aucun récipient pour manger et boire, aucun ustensile pour se servir, aucune cuillère, aucun couteau, aucun rasoir, aucun nécessaire de toilette.

Tous ces objets avaient été confisqués lors des fouilles effectuées au moment de l'arrestation, au passage dans les straf-kompanies, et avant le transfert à Rawa-Ruska.

On avait affublé les déportés de vieux uniformes de l'Armée française, et nombre d'entre eux portaient aussi des uniformes étrangers dépareillés.

Très nombreux étaient ceux qui n'avaient même plus de chemise, ni de sous-vêtement. Sur les uniformes français il avait été peint dans le dos: le KG traditionnel ou parfois un triangle rouge ou un disque de même couleur, appelé dérisoirement la cible. On interpellait ainsi ceux qui en étaient affublés: Eh, la cible!

LA NOURRITURE

La quantité de nourriture distribuée était nettement insuffisante et d’une qualité déplorable. Une soupe par jour constituée par du liquide dans lequel on remarquait un peu de millet, des fanes de choux et quelquefois pour changer des cosses de pois. De temps en temps, il y avait une distribution de margarine, ou graisse synthétique, de marmelade  constituée par des tourteaux). Le pain ? Sa distribution était bien irrégulière en raison des mauvais arrivages. Très souvent, la boule pesant 1 kilogramme était partagée entre trente ou trente-cinq détenus. Il est arrivé de rester deux ou trois jours sans en avoir. Une tisane était servie matin et soir. Elle était à base de décoction de feuilles ou de bourgeons de sapin. La quantité réservée à chaque homme était d’environ un quart à un demi-litre. Il y eut quelquefois de la pomme de terre dans la soupe. Les Allemands eux-même estimaient que théoriquement la ration journalière n’atteignait pas 1 200 calories.

LE TRAVAIL ET LES KOMMANDOS

Des brimades quotidiennes étaient imposées aux détenus qui, toujours pieds nus dans les sabots, devaient courir, sauter, se coucher, ramper, en portant souvent des charges (poutres, pierre, etc.) et ce, par n'importe quel temps.

Des rassemblements étaient ordonnés à n'importe quelle heure, le jour et la nuit, et duraient de nombreuses heures. Il y avait aussi d'interminables fouilles.

Les détenus étaient envoyés au travail, soit en corvées extérieures, ou en Kommandos (exploitations de carrière, tourbière, travaux forestiers) où ils se trouvaient mêlés aux Kommandos de Juifs, sous l'impitoyable surveillance des soldats chargés de les garder. Le travail se faisait sous la contrainte, accompagné de coups de bâtons, de coups de crosses, sous la menace de la baïonnette.

Tarnopol, le Kommando de la carrière, août 1942

Le nombre des déportés arrivant au camp de Rawa-Ruska augmentant, des Kommandos ont été créés, certains très loin vers l'Est, et il n'a pas été possible d'en établir le nombre exact.

En effet, les listes de répartition dans les Kommandos, ainsi que leurs lieux d'implantation, étaient sous le contrôle exclusif de l'Abwehr.

L'effectif des Kommandos variait de 50 à 500 détenus. Comme au camp, rien n'avait été organisé avant l'arrivée des détenus, et aucune amélioration ne fut apportée par la suite. Le régime alimentaire n'était guère meilleur que celui du camp. Les détenus durent, pour subsister, manger des herbes et des racines arrachées en cachette durant les corvées. Le travail était obligatoire, sous la surveillance constante de sentinelles et de chiens qui harcelaient les hommes. Ce travail était des plus harassants: terrassement sur voies de chemin de fer, champ d'aviation, travaux forestiers, extraction de pierre, de tourbe, etc., et même travaux de démolition de pierres tombales des cimetières juifs de la région (notamment Trembowla).

Les détenus français, bien souvent, travaillaient côte à côte avec les Juifs déportés des pays occupés par les nazis. Dans certaines prisons ou citadelles, ils étaient mélangés aux Juifs déportés. De plus, sévissaient les exactions de toutes natures: appels, fouilles interminables à n'importe quelle heure, par n'importe quel temps. Ainsi, ce régime tendait-il à l'effondrement intégral de l'être humain.

LES EXACTIONS

Des rassemblements étaient ordonnés à n’importe quelle heure, le jour et la nuit, et durait de nombreuses heures. Il y avait aussi d’interminables fouilles. De plus sévissaient les exactions de toutes natures: appels, fouilles interminables à n’importe quelle heure, par n’importe quel temps.

L’ÉTAT SANITAIRE

Les détenus perdirent tous de 15 à 20 kilogrammes au cours des premiers mois de leur détention. Un bilan de mortalité est difficile, sinon impossible à faire. Les militaires déportés à Rawa-Ruska étaient du Service Armé, ayant fait la guerre, ayant déjà subi des séjours en camps, straf-kompanies, en prisons ; c'étaient des hommes jeunes, solides, ayant, malgré certains sévices déjà endurés, un entraînement à la vie captive et à la lutte contre l'adversité. Combien y aurait-il eu de morts s'il s'était agi d'hommes, ou de femmes, enlevés brutalement à leur intérieur, à leur vie familiale, à leur milieu, à n'importe quel âge?

Il a été prouvé que des cadavres de militaires prisonniers de guerre français ont été découverts dans de nombreux charniers en Ukraine, dans la région de Rawa-Ruska et de Lemberg.

Lors de l'arrivée du premier convoi à Rawa-Ruska, le 13 avril 1942, quelle ne fut pas la surprise des arrivants de constater que déjà 10 médecins français juifs les avaient précédés de 4 jours au camp de Rawa-Ruska, envoyés par les Allemands pour en assurer théoriquement le service de santé. Il s'agissait d'officiers français qui avaient été déportés dans ce camp d'Ukraine parce qu'ils étaient juifs, et devaient subir les mêmes traitements que l'ensemble des autres internés, bien qu'ils n'aient pas été passible d'une mesure disciplinaire. Ils n'avaient par ailleurs été dotés d'aucun médicament pour soigner les nombreux malades et blessés du camp et devaient se contenter de donner des conseils, certes précieux, mais dans la plupart des cas, peu efficaces. Voici quatre exemples des soins prodigués sans médicament et sans instrument.

1° Comment était arrachée une dent sans anesthésie et sans instrument adéquat:

Il était procédé d'abord à un rinçage de bouche avec l'urine du patient, puis, avec une fourchette préalablement déformée, on lui ouvrait la gencive ; enfin, avec un instrument de fortune, la dent était arrachée, même si au cours de l'opération elle se cassait en 2 ou 3 morceaux.

2- Otites, maux d'oreilles ou maux de tête. Il était appliqué, régulièrement et le plus souvent possible, de la neige, derrière et sur les oreilles afin de provoquer une réaction par le froid, (difficile à croire, mais parfois efficace).

3- Blessures :

Il était versé sur les blessures l'urine du patient pour cautérisation (Urinothérapie).

4- Douleurs lombaires, vertébrales, sciatiques :

Mouvements respiratoires, étirement et manipulations diverses, etc.

Ces 10 officiers médecins français juifs, pour lesquels les internés malades ont gardé une infinie reconnaissance tant leur dévouement était grand, se nommaient :

Pierre Bader, Joseph Bénichou, Joseph Benzaken, Léopold Berl, Roger Cahen-Pashcyoud, Michel Moscovici, Roger Nathan, Tepper, Max Vassile, Marcel Zara.

Ils furent ensuite répartis dans un certain nombre de sous-camps créés à la suite de l'arrivée de nouveaux convois au camp principal alors surchargé, mais toujours dans les mêmes conditions. Ce premier groupe fut ensuite remplacé par d'autres officiers médecins français, déportés à Rawa Ruska pour les mêmes raisons que les autres internés qui s'y trouvaient à savoir : rebellion, sabotages, récidives d'évasion, etc, naturellement, pour nombre d'entre eux, parce qu'ils étaient de confession juive. Ce sont les docteurs:

André Aurengo, René Barbot, Sylvain Binn, Jean Catteau, Serge Chambert, Chartres, Francis Cloez, Jacques Dedieu, René Faivre, Fergis, Henri Frappier, Jean Garrigau, Jerôme Guérin, Robert Guiguet, Charles Hervy, Philippe Jagerschmidt, Robert Kany, Lacoste, Henri Lanuss, G. Lardy, Oscar Lievain, Gustave Martinache, Painblanc, Louis Prost, Rhodez, Souffron, Seillier, Louis Stervinou, Velluz, Zwahlen.

Il faut souligner le grand mérite et le dévouement sans limites de ces nouveaux médecins qui firent eux aussi tout ce qui était en leur pouvoir et avec les faibles moyens dont ils disposaient pour que survive le plus grand nombre de leurs compagnons de misères.

Il n'est pas douteux que le transfert à Rawa-Ruska de ces médecins officiers français juifs, venus de l'Oflag (camp pour officiers) X C à Colditz, réservé à des disciplinaires et à des juifs parcequ'ils étaient juifs, répondait à l'intention diabolique des nazis d'éliminer les indésirables du régime hitlérien.

C'est donc sciemment que résistants de toutes sortes, saboteurs, récidivistes de l'évasion, et Juifs ont été déplacés dans cette zone d'extermination où il serait le plus facile de les faires disparaîtres sous un prétexte quelconque, ou sans prétexte du tout, lors de la liquidation des derniers ghettos.

LE MORAL

Il y eut de nombreuses tentatives d’évasions. Si quelques-uns ont pu réussir, ceux qui ont été repris ont fait l’objet de graves sévices allant jusqu’à la mort. De nombreux camarades ont été abattus au moment de leur évasion. Si certains évadés ont pu réussir à rejoindre la résistance polonaise ou les partisans russes, si d’autres ont pu arriver en Hongie ou en Roumanie pour rejoindre ensuite les armées françaises libres, beaucoups ont disparu sans laisser de trace. Ces évasions ne pouvaient avoir lieu qu’à l’occasion de corvées, de travail en Kommando, en profitant de la moindre inattention d’une sentinelle.

ÉVASIONS

Comme déjà indiqué, il était impossible de s'évader du camp même de Rawa-Ruska ou de ses sous-camps ; pourtant, profitant des Kommandos de travaux forcés à l'extérieur, malgré l'extrême vigilance des gardiens, beaucoups ont essayé, la plupart hélas, ont été tués sur place, d'autres ont été repris et exécutés ; un certain nombre, cependant, ont réussi, rejoignant la résistance polonaise ou les maquis ukrainiens, tchécoslovaques, hongrois ou roumains ; pour ne nommer que quelques-uns d'entre eux, nos camarades : Brugnon, Tutot, Maulini, Massart, Colombet, le docteur Lanussé, Gardon, Inaudi, Espanol, Braun, Bertin, Ganster, les frères maristes Bonetbeltz et Clerc, Salgues, Caillavet, Charignon, Bertras.

Plusieurs ont même réussi, grâce à l'entremise de maquis ukrainiens, à se faire incorporer dans l'armée régulière russe et ainsi, avoir le grand réconfort de participer avec leurs nouvelles unités à la bataille de Berlin, citons entre autres: Bertrand Achin (comme chef de char) et André Hennart qui fut, lui, hélas, grièvement blessé au cours des combats.

D'autres, après leurs transferts dans un autre camp plus au nord, ont pu s'introduire dans des cargos en cours de chargement, en partance pour la Suède, dans les ports de la mer Baltique et ainsi pouvoir rapidement rejoindre par avion l'Angleterre, où ils furent incorporés dans les Forces françaises libres, ayant ainsi l'honneur de pouvoir participer au débarquement des troupes alliées en France ou d'être affectés, comme, entre autres, Jean Lagaillarde et son camarade d'évasion Pourcelot, à la division du général Leclerc.

Plus risqué encore, trois courageuses équipes s'emparèrent de vedettes militaires allemandes et après moult et dangereuses péripéties, malgré la surveillance des hydravions, la traversée de champs de mines etc., réussirent à atteindre la Suède et à s'engager, elles aussi, dans les Forces françaises libres pour reprendre le combat, citons entre autres: Gentet, Orain, Tacchi, Magerotte, Martin, Garnier, Chevallier, Brossier, Veschambre, Martineau, Vandenbulk, Hillairet, Gaven, Frébour.

Sans oublier ceux qui par divers autres moyens ont réussi à gagner la France et à participer d'abord aux combats de la résistance, tels Charraz et Pollet du maquis des Chartreux et à continuer la lutte avec les FFL, en l'occurrence, sous les ordres du Général Gil et cela, jusqu'à la victoire finale, en Allemagne même, dans le pays qui les avait auparavant si cruellement maltraités. Citons encore, entre autres, le cas de Gilbert Bellegarde, qui réussit son évasion en octobre 1943 et passe à la Résistance en France en janvier 1944, au groupe Armée secrète avec le commandant Lanthoens, alias Lavergne.

D'autres, hélas, n'eurent pas cette immense joie et tout le réconfort que l'on peut imaginer en pareil cas, car ils furent repris avec leurs camarades résistants de l'intérieur, emprisonnés, torturés et à nouveau déportés, mais cette fois dans des camps civils de concentration en Allemagne, tels Dachau, Buchenwald.

CONCLUSION

Du 13 avril 1942 au 19 janvier 1943, le Stalag 325 fut transféré du camp de Rawa-Ruska, qui fut alors abandonné, à la citadelle de Lemberg (Lwow).

Du 20 janvier 1943 au 19 février 1944, il fut transféré à Stryj, ancien sous-camp de Rawa-Ruska.

En juin 1944, le Stalag 325 était dissous et les effectifs restants (peu nombreux), transférés au Stalag 1 A de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).

La lettre fut postée le 24 avril 1945 à Landsberg (actuellement Gorzow Wielkopolski en Pologne), où les Français furent retenus par l'armée russe avant d'être conduits jusqu'à Starry-Doroghi en Russie, à une centaine de kilomètres au sud est de Minsk, qu'ils ne quittèrent que le 2 juillet 1945. Roger d'Aigremont ne rentra chez lui dans la Manche que le 23 juillet 1945. La lettre n'arriva qu'après son retour.


09/04/2013
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1938 NATZWILLER-STRUTHOF1945

 

LE SEUL CAMP FRANÇAIS 

  

 

 

 

Entrée du KZ de Natwzwiller-Struthof 

Le camp de concentration de Natzwiller-Struthof est le seul camp de concentration sur le territoire aujourd'hui français. Lors de sa création, l'Alsace et la Moselle avaient été annexées par le Troisième Reich. Il a été installé au Struthof, un lieu-dit dans les hauteurs de la commune de Natzwiller (Bas-Rhin), durant la Seconde Guerre mondiale. Son nom allemand était KL Natzweiler-Struthof, KL pour Konzentrationslager, soit en français  camp de concentration. 

UN CAMP DE CONCENTRATION NAZI EN ALSACE 

 

Peu après l'annexion de l'Alsace par le Reich nazi, Himmler, alors chef de la Gestapo, et Oswald Pohl, chef principal d’économie de la SS eurent l'idée d'installer des camps a proximité des carrières afin d'y faire travailler les déportés dans le cadre de la Deutsche Erd- und Steinwerke (DEST), entreprise minière SS créée par Himmler.C'est au court d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte du Reich, nota la présence d'un Granit rose extrêmement rare dans la région.La décision fût alors prise d'y installer un camps visant a l'extraction du Granit par les déportés.C'est le géologue colonel SS Karl Blumberg qui trouva le meilleur site pour l'extraction du dit Granit et qui détermina donc l'emplacement du futur camp. 

Sous le nom de KL Natzweiler-Struthof, le camp est officiellement ouvert le 21 avril 1941. Environ 80 SS en assurent l'encadrement et l'administration. Prévu initialement pour recevoir un total de 2 000 prisonniers, le camp-souche du KL en compte près de 7 000 à la fin du mois d'août 1944. Il comprend aussi environ 70 kommandos, camps annexes répartis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne. 

Le Struthof fonctionne jusqu'à son évacuation par les SS au début du mois de septembre 1944, face à l'avance des troupes alliées. Le 23 novembre 1944, la 6e armée américaine pénètre dans un KL totalement vidé de ses occupants, répartis dans d'autres camps de concentration (notamment celui de Dachau) ou kommandos. Le KL Natzweiler-Struthof est le premier camp de concentration nazi découvert par les forces alliées à l'Ouest de l'Europe. 

Après l'évacuation du camp-souche, l'administration SS s'installe dans le camp annexe de Guttenbach. Les kommandos du Struthof situés à l'est du Rhin continuent de fonctionner, toujours sous la dénomination de KL Natzweiler-Struthof, et à recevoir de nombreux déportés jusqu'à la capitulation allemande. 

À l'instar des camps de Mauthausen et de Gusen, le KL Natzweiler-Struthof était classé  Camp de niveau III  (Lagerstufe III), ce qui signifiait qu'il était destiné à être l'un des camps les plus durs du système concentrationnaire. Son objectif était l'anéantissement des ennemis politiques incorrigibles du Reich. 

 

Camp de concentration du Struthof 

Le nombre total de déportés qui ont été internés dans le camp même ou l'un de ses kommandos est estimé à environ 52 000. Ils sont en majorité originaires de Pologne, d'Union soviétique, puis de France, des Pays-Bas, d'Allemagne et de Norvège. Des milliers de Juifs, pour la plupart originaires de Hongrie et des ghettos de Pologne, sont internés à partir de 1944 dans des kommandos extérieurs au camp-souche. 

Les conditions inhumaines de travail et de détention, la malnutrition, les sévices des Kapos et des SS ainsi que les nombreuses exécutions par balle ou pendaison ont provoqué la mort d'au moins 22 000 détenus. Entre la fin mars et la fin avril 1945, l'évacuation des derniers kommandos du KL-Natzweiler, lors des marches de la mort, a coûté la vie à environ 5 000 déportés. 

Dirigé d'octobre 1942 jusqu'en mai 1944 par le sinistre Joseph Kramer, le Struthof est avec Mauthausen l'un des camps les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi, avec un taux de mortalité de plus de 40 %. 

 

La villa du commandant du camp 

EXÉCUTIONS MASSIVES 

Le camp a par ailleurs servi de centre d'exécution pour de nombreux résistants issus de la majeure partie des pays occupés par l'Allemagne nazie et condamnés par la Gestapo. Le déporté Aimé Spitz témoigne : Hors du camp, à quelque 100 mètres, se trouvait une sablière. C'est là qu'environ cinq cents camarades furent fusillés, soit à coups de mitraillette, soit à coups de revolver dans la nuque. Un soir de printemps 1944, après 18 heures, 11 Luxembourgeois appartenant à la Résistance furent fusillés dans cette sablière. Ce genre d'exécution, ordonnée par le ministère de la Sûreté d'État de Berlin, avait lieu le soir après l'appel. Chaque fois que nous apercevions le soir des arrivants devant la Schreibstube (secrétariat du camp), nous savions qu'il s'agissait d'une Sonderbehandlung (manipulation spéciale). Ce genre de détenus ne figurait pas, la plupart du temps, dans le fichier du camp. Ils étaient amenés par la Gestapo pour être exécutés. Leurs corps étaient ensuite transportés au crématoire, de sorte qu'il n'y avait de trace nulle part. Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes. 

En 1943, treize jeunes gens originaires de Ballersdorf dans le Haut-Rhin sont fusillés à la carrière pour avoir refusé leur incorporation dans la Wehrmacht et tenté de quitter la zone annexée ; 

Quatre femmes, deux Britanniques et deux Françaises, agents de la Special Operations Executive, un service secret britannique, sont exécutées par injection le 6 juillet 1944. Une plaque commémorative apposée à l'entrée du four crématoire rappelle leurs noms : Diana Rowden, Vera Leigh, Andrée Borrel et Sonia Olschanesky ; 

Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, un avion anglais Lancaster s'écrase au pied du Mont Sainte-Odile. Le sergent F. H. Habgood (21 ans) a sauté en parachute de l'avion avant qu'il ne s'écrase et atterri au Langen Weg, à Ottrott. Il est alors pris en charge par la population pour être remis à la Résistance. Dénoncé à la Gestapo, il est ensuite interné au camp de Schirmeck, d'où il parvient à s'échapper. Le SS Peter Straub le capture à Niederhaslach et le fait exécuter par pendaison le 31 juillet 1944 au KL Natzweiler-Struthof. Son corps n'a jamais été retrouvé ; Face à l'avancée des troupes alliées, les SS commencent à massacrer systématiquement certains détenus, particulièrement les résistants français, qui arrivent en grand nombre au camp. 

Ainsi, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1944, 107 résistants du mouvement Alliance et 33 membres du Groupe mobile Alsace-Vosges sont expédiés au Struthof pour y être exécutés d'une balle dans la nuque, puis immédiatement incinérés dans le four crématoire. En trois jours, ce seraient 392 prisonniers (92 femmes et 300 hommes) qui auraient été assassinés au Struthof, parmi lesquels le maire de la ville de la Rochelle le colonel Léonce Vieljeux. 

 

Potence destinée aux exécutions 

 

Le camp est aussi connu pour des expériences  pseudo-scientifiques qui y furent pratiquées sur des détenus. À cet effet avait été aménagée une salle de dissection. 

Une chambre à gaz était située en contrebas du Struthof ; elle a été construite par la Waffen-SS les 3 et 12 août 1943 dans une dépendance de l'ancien hôtel. Elle est utilisée du 11 au 19 août 1943 pour l'exécution de détenus : 57 hommes et 30 femmes, internés à Auschwitz, sont envoyés au camp du Struthof pour y être assassinés avec des sels cyanhydriques (Zyklon B ?). Une personne ayant été préalablement exécutée par balle pour rébellion, ce sont finalement 86 personnes de « race juive » qui sont gazées personnellement par le commandant SS du camp, Joseph Kramer.
Lors de son procès Kramer ne parle pas des classiques petits cailloux gris bleuâtres qui servent à décrire le Zyklon B, mais d'une poudre blanche dans un flacon que lui a donné August Hirt, et il a fallu un écoulement d'eau pour obtenir un dégagement gazeux ; selon Kogon il s'agit probablement d'un autre composé cyanhydrique concocté par Hirt, cyanure de potassium ou de sodium avec un acide organique, cette composition dégageant de l'acide cyanhydrique en présence d'eau. Le professeur August Hirt,
SS-Hauptsturmführer et proche de Heinrich Himmler, avait pour objectif à travers ces gazages de constituer une collection de crânes de commissaires bolcheviks juifs pour l'Institut Anatomique de, avant que  la race juive  ne soit anéantie ; en effet, Himmler  faisait des études sur les crânes de  commissaires judéo-bolchéviques  destinés à permettre une définition typologique du sous-homme. Hirt mena aussi de nombreuses expérimentations sur l'utilisation du Gaz moutarde.
 

 

La chambre à gaz située à 2 km en contrebas du camp 

La chambre à gaz a été par la suite utilisée pour 15 expériences de toxicité du gaz phosgène par un virologiste, Otto Bickenbach, sur des détenus de droit commun et des Tziganes. 

Un autre médecin SS, le professeur Eugen Haagen, a pratiqué au Struthof des injections de lèpre, peste et autres maladies sur des détenus de manière à observer les effets de ces contaminations ; plusieurs traitements étaient essayés pour une même maladie. L’expérience terminée, si les sujets n’étaient pas morts, ils étaient assassinés et incinérés. 

Afin de mener à bien ses expériences sur le typhus, Von Haagen se fait aussi remettre environ 200 Tziganes arrivés directement d'Auschwitz au Struthof durant les mois de novembre et décembre 1943. Début 1944, les Tziganes sont mis à sa disposition. 150 d'entre eux sont immunisés contre le typhus exanthématique, les 50 restants étant réservés comme témoins. À l’ensemble des 200 cobayes est ensuite inoculé par scarification au bras le germe du typhus. 

Les diverses séries d'expériences font des centaines de victimes parmi les déportés du camp. Elles entraînent en outre une épidémie de typhus durant l'année 1944. 

LES DÉPORTÉS NACHT UND NEBEL (NN) 

Le KL-Natzweiler reçoit à partir de 1943 de nombreux déportés Nacht und Nebel. Ceux-ci proviennent de toute l'Europe et sont soumis en tant qu'opposants à l'Allemagne nazie à un régime particulièrement cruel. À titre d'exemple, on peut citer le cas des déportés Nacht und Nebel norvégiens du Struthof, arrivés au camp entre le 15 juin 1943 et le 2 septembre 1944. Sur un total de 504 déportés, seuls 268 ont survécu et pu rejoindre la Norvège après la guerre. Le 24 septembre 1943, Himmler donne l'ordre aux commandants des KL de transférer au Struthof tous les déportés NN qu'ils détiennent. Cet ordre est renouvelé le 20 mai 1944, mais ne sera jamais complètement exécuté. 

LE CAMP APRÈS LA GUERRE 

 

Panorama du camp de concentration dans son état actuel. 

La guerre finie, le Struthof devient un centre provisoire de détention pour prisonniers de guerre et collaborateurs condamnés par la justice française. L'un des premiers directeurs de ce centre fut Jean de Poligny, alias capitaine Rivière, qui était un ancien résistant jurassien, l'un des fondateurs du Groupe Mobile Alsace (GMA) Vosges. S'y entassent environ 2 000 détenus : des anciens de la Légion des volontaires français, de la Division Charlemagne, des membres de partis collaborationnistes (Parti populaire français, Rassemblement national populaire, Parti franciste etc.), des auxiliaires français de la Gestapo, mais aussi des fils de dignitaires du Régime de Vichy et de collaborateurs. Parmi ces détenus, on peut citer Pierre Sidos, le futur créateur des mouvements d'extrême droite Jeune Nation, Occident et l'Œuvre française. 

PROCÈS POSTÉRIEURS À LA GUERRE 

Entre le mois de juin 1954 et le mois de mai 1955 se déroule devant les tribunaux militaires de Metz puis de Paris le procès du Struthof, durant lequel sont jugés les principaux responsables SS du camp. Plusieurs autres procès ont lieu après la guerre pour juger d'autres dirigeants du Struthof et de ses kommandos. 

Sont notamment jugés : 

Joseph Kramer, commandant SS du camp jusqu'en mai 1944. Fait prisonnier par les Britanniques au camp de Bergen-Belsen dont il assurait le commandement après avoir quitté le Struthof ; condamné à mort au procès de Lunebourg et pendu à la prison de Hamelin le 13 décembre 1945[] ; 

Fritz Hartjenstein, qui avait repris la direction du KL-Natzweiler après le départ de Joseph Kramer ; condamné à mort, il décède en prison le 20 octobre 1954, avant son exécution ; 

Heinrich Schwarz, dernier commandant du KL Natzweiler-Struthof (qu'il dirigea de février à avril 1945) ; condamné à mort et exécuté le 20 mars 1947. 

Au terme du procès de Rastatt sont condamnés à mort le 1er février 1947 19 dirigeants SS des kommandos du KL Natzweiler-Struthof. 

Le 20 décembre 1952 s'ouvre devant le Tribunal militaire français de Metz le procès des médecins SS Otto Bickenbach et Eugen Haagen. Tous les deux sont condamnés le 15 mai 1954 à 20 ans de travaux forcés, puis amnistiés l'année suivante. 

Lors du procès de Wuppertal (mai-juin 1946) sont jugés les SS impliqués dans l'assassinat en juillet 1944 au Struthof des quatre femmes membres du SOE. À l'issue du procès seront notamment condamnés à mort puis exécutés : 

Werner Rhode, le médecin SS du camp 

Peter Straub, le SS qui avait fait exécuter par pendaison le sergent F.H. Habgood au Struthof le 31 juillet 1944. 


08/04/2013
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1938 NEUENGAMME 1945

 

 

CAMP DE TRAVAIL INDÉPENDANT 

 

 

Localisation du camp dans la ville libre et hanséatique de Hambourg 

Le camp de concentration de Neuengamme a été établi le 13 décembre 1938, au sud-est de Hambourg sur le fleuve Elbe, d'abord comme camp extérieur du camp de Sachsenhausen puis transformé en 1940 en camp de travail indépendant (213 000 m2) avec plus de 90 camps extérieurs annexes.Le 2 mai 1945, les SS abandonnent le camp. Le même jour, l'armée anglaise fait une première patrouille de reconnaissance et découvre le camp vide. Ce camp sera libéré le 4 mai, deux jours plus tard, par les troupes britanniques. Il y eut 106 000 déportés parmi lesquels on dénombra à la libération 55 000 morts (soit 52 %). 

CAMP DE LA MORT PAR LE TRAVAIL 

 

Travailleurs à la Briqueterie de Neuengamme 

Les prisonniers devaient effectuer un travail forcé pour la production d'une briqueterie qui se trouvait sur son terrain, et plus tard dans l'industrie de l'armement ainsi qu'à la construction d'installations militaires (Friesenwall). Jusqu'en 1945, 106 000 personnes des pays occupés par l'Allemagne, de 28 nationalités différentes, ont été déportées et internées dans ce camp, avec des conditions de vie et de travail inhumaines. Environ 55 000 en sont mortes. Cela correspondait au slogan de ce camp : épuisement par le travail. 

LE BUNKER 

 

Il est attesté que deux opérations de mise à mort par le Zyklon B ont eu lieu dans le camp à l'automne 1942. Deux convois de prisonniers de guerre russes, en tous 450 hommes, furent gazés. Pour cela, les SS firent aménager la prison appelée Bunker, en rendant étanches les ouvertures. Et ils firent installer sur le toit un système de chauffage avec dix tuyaux dans lesquels on déversait les cristaux de Zyklon. 

 

EXPÉRIENCES MÉDICALES 

À Neuengamme sévissait le docteur SS Kurt Heißmeyer qui effectua des expériences avec le bacille de la tuberculose sur des déportés et sur 20 enfants juifs, âgés de moins de 12 ans, arrivés d'Auschwitz le 29 novembre 1944. Dans la nuit du 20 au 21 avril 1945, quelques jours avant la fin de la guerre, dans la cave de l'école de Bullenhuser Damm, un bâtiment qui servait de camp extérieur depuis octobre 1944, les 20 enfants juifs, les deux médecins français qui s'occupaient d'eux, le Professeur Florence et le Dr Quenouille, leurs deux infirmiers néerlandais et une trentaine de prisonniers soviétiques, furent pendus. Les nazis espéraient ainsi faire disparaître les traces de ces recherches sur l'humain avant l'arrivée rapide des troupes britanniques. Après la guerre, le Dr Heissmeyer a exercé la médecine, avant d’être condamné en juin 1966 à la prison à perpétuité par un tribunal allemand. 

 

Les déportés devaient dormir dans de simples constructions en bois. Celle-ci appartenait au camp annexe de Wöbbelin. 

LIBÉRATION DU CAMP 

 

Un déporté polonais malade reçoit des médicaments d'un membre de la Croix-Rouge allemande dans le camp annexe d'Hannover-Ahlem (11 avril 1945). 

Après la libération des prisonniers de Buchenwald le 11 avril 1945 par l'armée américaine, les SS ont commencé, le 18 avril 1945, à faire évacuer le camp de Neuengamme devant l'approche des armées alliées. Avec ces Marches de la mort à la fin de la guerre, plusieurs milliers de prisonniers épuisés ont été abattus par les SS. Une partie des kommandos dépendant du camp principal de Neuengamme ont été libérés par la 82e division aéroportée américaine commandée par James M. Gavin le 4 mai 1945, l'armée russe se trouvant encore à 10 km. La plupart des Kommandos avaient été évacués avant l'arrivée des Alliés. Lorsque les troupes de la 82e division aéroportée découvrent le camp de Neuengamme, le 4 mai 1945, plus aucun déporté ne s'y trouve et les traces des exactions nazies effacées. 

APRÈS LA GUERRE 

 

Vue aérienne du camp prise par l'aviation britannique le 16 avril 1945 

Après la guerre, ce camp eut une première destination comme lieu d'internement et une seconde comme lieu de mémoire. 

Le site du camp en tant que lieu de détention. 

Le camp servit aux Alliés de camp d'internement pour des membres de la SS et des responsables nationaux-socialistes jusqu'à ce qu'il ait été remis à la ville de Hambourg en 1948. 

Construction, en 1948, de l'établissement pénitentiaire Vierlande (n° 12), pour hommes, agrandi en 1950 par un nouveau bâtiment. Il est fermé, puis démoli, en 2003. 

Construction, en 1970, d'un établissement pénitentiaire Vierlande (n° 9) pour la jeunesse, sur le site de l'ancien Tongruben (glaisière). Fermé en 2006, il est démoli en 2007. 

 

Sculpture de Françoise Salmon au camp de Neuengamme. 

Afin de se rappeler ce funeste passé, le camp devient un lieu de mémoire dont la mise en œuvre s'effectue en plusieurs étapes : 

En 1948, un  institut pédagogique  fut construit sur l'ancien terrain du camp. 

En 1953, d'anciens déportés de Neuengamme firent construire un premier mémorial à l'intérieur du camp. 

En 1965, un mémorial officiel y fut installé. Mais aussi l'établissement pénitentiaire du Vierlande. 

Depuis 1981, on travaille à la restructuration de ce camp pour en faire un site de réflexion et de documentation ; on commença par la construction du centre de documentation. 

 

Wagon (reconstruit à l'identique) du mémorial de Neuengamme et dans lequel on acheminait les déportés durant la Seconde Guerre mondiale 

En 1984, les restes des bâtiments de ce camp ont été placés sous la protection des Monuments Historiques. 

Commencée en 2003, la reconstruction de la Place d'Appel est achevée en 2005. Les emplacements des blocks en bois furent matérialisés par des briques concassées. De nouvelles expositions et un centre d'études furent installés dans les bâtiments en briques d'époque. L'ensemble fut inauguré, le 4 mai 2005, en présence de plus de 2 000 personnes. 

Le 19 mai 2007, une cérémonie officielle a marqué la libération totale du site du camp et son passage du Ministère de la Justice à celui de la Culture. 

DÉNOMBREMENT DES DÉPORTÉS DE 1938 À 1945 

 

 

FEMMES DÉPORTÉES DANS LES KOMMANDOS DE NEUENGAMME 

Neuengamme était à l'origine un camp réservé aux hommes, mais le besoin de main-d'œuvre se faisant sentir dans de nombreux domaines, pendant l'été 1944, des déportées venant d'Auschwitz et de Revensbrück furent immatriculées à Neuengamme et affectées dans des Kommandos extérieurs : Boizenburg, Braunschweig SS-Reitschule, Bremen (Lübberstedt, Obernheide, Vegesack, Uphusen), Hambourg (Dessauer Ufer, Eidelstedt, Langenhorn, Neugraben, Sasel, Tiefstack, Wandsbek), Hannover (Langenhagen, Limmer), Helmstedt-Beendorf, Horneburg, Salzgitter (Bad, Watenstedt), Salzwedel, Unterluss. Elles furent employées notamment dans des usines de production de matériel aéronautique, de mines, de munitions, au déblaiement et à la reconstruction, etc. On estime à environ 13 500 le nombre de femmes immatriculées à Neuengamme, dont plus de 700 Françaises. Parmi elles, figurent : le Dr Raymonde Guyon-Belot qui a écrit un témoignage sur le travail dans une usine souterraine installée dans une mine de sel à Beendorf ; Simone Alizon, dont le livre L'exercice de vivre est paru en 1996 ; Geneviève Helmer qui a participé à l'ouvrage collectif De l'université aux camps de concentration - Témoignages strasbourgeois, paru aux Presses universitaires de Strasbourg en 1996. Ces déportées étaient sous la surveillance de gardiennes SS. 

GARDIENNES SS 

Des gardiennes SS ou Aufseherinnen furent affectées dans les camps annexes de Neuengamme cités plus haut. Aujourd'hui plusieurs gardiennes sont connues : Kaethe Becker, Erna Dickmann, Johanna Freund, Angelika Grass, la Kommandofuhrerin Loni Gutzeit (qui servit aussi à Hamburg-Wandsbek et que les déportées surnommèrent Le Dragon de Wandsbek), Gertrud Heise, Frieda Ignatowitz, Gertrud Moeller qui servit aussi dans le camp extérieur de Boizenburg, Lotte Johanna Radtke, la chef Annemie von der Huelst, Inge Marga et Marggot Weber. Quelques-unes ont été jugées pour crimes de guerre comme Susanne Hille (qui était à la tête des gardiennes à Unterluss) et Anneliese Kohlmann (qui était l'une des six gardiennes à Neugraben). 

LES ACCUSÉS 

Les onze condamnés à mort furent pendus le 8 octobre 1946 à Hameln, en Basse-Saxe, à 45 km au sud-ouest de Hanovre. PLus de 100 procédures se déroulèrent ensuite jusqu'à 1948. Vingt SS de Neuengamme ou de ses Kommandos extérieurs furent condamnés à mort et exécutés. Beaucoup d'autres échappèrent à la condamnation. 

 

Mars 1946 

Les quatorze accusés devant le tribunal militaire britannique, à la Curio-Haus, à Hambourg (de gauche à droite): 

Max Pauly (commandant du camp), Karl Totzauer (son adjoint - n° 2), Anton Thumann, Dr. Bruno KITT, Willi Dreimann, Heinrich Ruge, Willi Warncke, Johan Reese, Adolf Speck, Andreas Brems, Wilhelm Bahr, Walter Kümmel, Karl Wiedemann, Dr. Alfred Trzebinski. 


08/04/2013
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1938 MAUTHAUSEN 1945

 

MAUTHAUSEN C’EST  POUR LES DÉPORTÉS LES 186 MARCHES DE LA CARRIÈRE DE GRANIT. 

Le camp de Mauthausen, c’est pour les déportés des 186 marches de la carrière de granit. C’est aussi le seul camp de catégorie 3 dans la classification d’Heydrich, catégorie réservée auz détenus devant subir le traitement rigoureux. Mauthausen est, à cette époque, une petite ville paisible entourée de douce collines, blottie sur la rive gauche du Danube au courant d’autant plus rapide qu'’il reçoit les eaux de l’Enns, l’une des plus puissantes rivières alpines. Elle est située à 25 kilomètres à l’ouest de Vienne, la ville capitale. À l’horizon: Les Alpes et la forêt de Bohême. Au nord commence les vastes et giboyeuses forêts du Mühlviertel. 

Le KZ est construit sur une colline dominant le Danuble, à 3 kilomètres de la ville, à l’aspect d’une forteresse impressionnante, avec ses murs de granit, ses tours de guet avec meutrières, ses chemins de ronde, son entrée imposante surmontée d’un aignle de bronze à croix gammée. Le RP Riquet, évoque ainsi le KZ. Mauthausen charmant village accoté à la montagne, les pieds baignant dans le Danube, fraîche et parfumée comme l’Alpe tyrolienne qui barre l’horizon. Ses collines verdoyantes, les pins noirs abritant les maisonnettes blanches et rose, dans le lointain la crête neigeuse et les glaciers des Alpes sur lesquelles se détache mystérieusement, la Creta Dormiente, quel décor d’opérette viennoise! À la pointe du promontoire sur lequel s’étend le Revier, la même ou la vue embarasse, émervillés, la splendeur de ses couchants qui rendent incadescent le Danube et bigarrent le ciel de toutes les nuances de l’or et de poupre, on voit chaque jours s’entasser les plus tristes cadavres squelettiques, les yeux béants, la bouche tordue. 

C’est la que se trouve la plus grande carrière de granite d’Autriche. Elle appartenait naguère à la ville de Vienne, d’où son nom de Wienergraben. Elle avait fourni les blocks utilisés pour la construction des rues, des ports et de nombreux édifices de Vienne et de beaucoups de cités d’Europe centrale. Après l’Anschluss, les SS en sont devenus propriétaires. L’exploitation en est facile grâce au Danube et aux voies ferrée. 

 

L’immense entrés du camp de Mauthausen avec ses deux tours de guets. 

Au début de 1936, un Kommando du KZ de Dachau composé de criminels de droit commun arrive pour travailler dans la carrière. Peut après Himmler décide de créé un KZ sur la colline dominant cette carrière, pour l’exploiter grâce à la main-d’œuvre des déportés. La construction commence avec ces prisonniers. D’abord des Allemands advairsaires du nazisme, puis les Autrichiens et des Tchèques des pays envahis, puis des Polonais après leur défaite, puis des Républicains espagnols au début de 1941, puis les Soviétiques prisonniers de guerre et civils après l’invasion de l’U.R.S.S. et des déportés de tous les pays asservit. 

LE SITE 

Une solide enceinte supportant de huit rangs de barbelés électrifiés. Ce mur ne sera d’ailleurs pas achevé, la partie non terminée étant interdite par des barbelés électrifiés de 3 mètres de haut. À part, se trouvent les ateliers et à partir de 1943, le camp des malades. Le plan du KZ est semblable è celui des autres camps : Les baraques, vingt-cinq Blocks disposés du nord au sud par rangées de cinq, font face à la place d’appel. Ces Block destinés aux détenus sont en bois et mesurent environs 50 mètres de long sur 7 mètres de large, comprenant un dortoir, une pièce commune et une petite pièce d’eau. Les bâtiments affectés aux sous-officiers SS et aux bureaux, placés perpendiculairement à la place d’appel, sont du même type. Ils sont toutefois revêtus à l’intérieur d’Isorel et chauffés. Le Bunker est construit en pierre. À partir du 8 octobre 1941. Dans ses caves sont aménagés le four crématoire et les salles d’exécutions. C’est en pierre que sont construit la Kommandatur et les bureaux SS (à partir du 5 février 1942), ainsi que les casernes des SS. 

Mauthausen est un KZ de catégorie 3, le plus dur. Ainsi pour l’année 1943, 7 058 de ses détenus périrent sur un total de 15 000 (soit 58%), alors qu’à Dachau avec 2 700 décès sur 7 500 prisonniers, la mortalité n’est que de 36%, de 19% à Buchenwald (1 522 sur 7 730) et de 16% à Sachenhausen (1 816 sur 11 111). Il convient de préciser que Mauthausen perdra ce triste record à partir de 1942. 

 

Devant l’afflux de prisonniers, de nouveaux baraquements sont aménagés à partir d’août 1944, ainsi qu’un camp supplémentaire de seize grandes tentes. Le KZ couvre alors une superficie de près de 100 hectares, les deux tiers constituant le camp proprement dit, le reste étant occupé par les carrières. 

 

Quand aux officiers SS et le commandat Frank Ziereis, ils habitent avec leur familles dans de jolies villas proches du camp. 

 

Georges Bachmeyer, adjoint de Ziereis, commandant du camp passe en revue un groupe d’Espagnols pendant l’été 1941. On exigeait des détenus un rendement maximun et ils travaillaient 12 heures par jour dans des conditions inhumaines. En 1940-1941, les Espagnols constituaient un groupe important de déportés politiques, considérés comme ennemis dangereux du IIIe reich. Ils devaient être exterminés par les travaux forcés et les tortures. 

LES EFFECTIFS 

 

Franz Ziereis 1905-1945 

L’effectif de la garnison ne va cesser de croître : 817 hommes à la fin de 1941, 1 282, en décembre 1942, 5 812 en décembre 1943, 5 812 en décembre 1944. À l’origine les gardiens sont des SS appartenant à la division Totenkopf. À partir e décembre 1944, ils sont partiellement relevés par des soldats de la Luftwaffe et du Volksturm. Le personnel SS des services centraux compte 260 hommes à la fin de 1944. 

À cette date, le commandant du KZ est Franz Ziereis qui arrive en 1939 avec le grade de capitaine il restera en fonction avec le grade de colonel. 

L’ACCUEIL DES PRISONNIERS 

 

L’accueil à Mauthausen est semblable à celui réservé aux déportés dans les autres KZ. C’est ce qui indique Michel de Bouard qui y arrive comme NN. L’entrée au KZ donnait lieu aux formalités. Dépouillement des vêtements et de tous objets personnels, y compris les bagues. On gardait seulement la ceinture tenant le pantalon. Puis c’est la douche, dans une vaste salle carrelée, aménagée sous la blanchisserie; après quoi le corps est entièrement rasé au rasoir et enduit d’un liquide insecticide; enfin, chaque nouveau reçoit une chemise et un caleçon à petite raie violettes et blanches, du type utilisé dans les prisons du Reich, et deux sandales à semelles de bois (qui font rarement la paire). 

C’est alors l’entrée en quarantaine (Block 16 à 25 et le camp 3 depuis lors), où l’on dort, serrés et tête-bêche comme des sardines en boite, sur des paillaces à même le sol, ou un trou rectangulaire ouvert dans la cour du Block tient lieu de WC (ceux-ci existent, mais sont interdit); ou pleuvent à longueur de journée brimades et brutalité. 

TRAVAIL ET VIE QUOTIDIENNE 

 

Les Kommandos d’entretient sont les mêmes que dans les autres KZ. Un seul Kommando industriel existe à Mauthausen, la petite usine Messerchmitt construite en 1943, dans la carrière. Cette fabrique de bretelles pour l’armé, (bandes de mitrailleuses) a surtout pour object d’occuper un travail léger à quelques internés âgés ou impotents. Ils seraientt exterminés comme inutiles dans les autres KZ. 

La plupart des kommandos sortaient ensemble, le matin à 7 heures, du camp intérieur. Avant de franchir la porte, chaque Kapo annonçait à haute voix à l’Arbeitsdienstführer Trump, debout devant un pupitre, le nom et l’effectif de son Kommando. De même au retour du travail, soit à midi, soit le soir à 6 heures : si le lieu de travail n’était pas tout proche de l’enceinte intérieure, les détenus y recevaient la soupe à midi ; dans le cas contraire, ils revenaient la prendre à leurs Blocks. 

L’appel général du soir terminait la journée de travail. Cet appel, dont la durée interminable faisait dans certains camps une épuisante épeuve, était à Mauthausen assez bref. Après quoi l’on distribuait dans chaque Block la ration du soir et les détenus pouvaient circuler dans le camp jusqu’au couvre-feu. Mais si les surveillants étaient de méchante humeur  incident au camp, mauvaises nouvelles du front, ect), à la sonnerie du couvre-feu était substitué, sans préavis, un lacher de chiens ; c’était alors le sauve-qui-peut vers les Blocks, au milieu des aboiements et des hurlements des traînards que les bêtes happaient. Le dimanche, la plupart des Kommandos ne travaillaient pas. Ce jour-là le camp était méconnaissable. 

La célèbre tenue rayée n’était guère portée que par les hommes envoyés en Kommandos extérieurs. À Mauthausen même, on portait des vêtements civils, fournis par le magasin d’habillement : c’étaient les effets enlevés aux détenus lors de leurs entrées au camp. 

 

L'entrée du camp de Mauthausen 

EXÉCUSION INDIVIDUELLES 

C’est en permanence que les exécutions ont lieu auKZ. Dans la nuit du 17 au 18 février 1945, 400 malades arrivés la veille avec un gros convoi d’évacués de Sachenhausen Ils furent laissés nus par un froid de moins 10C sur l’Appellplatz, puis aspergés d’eau froide; la cadence des morts n’étant pas assez rapide, trois SS armées de gourdins, puis de haches entreprirent un massacre auquel, échappèrent une trentaines d’hommes seulement. Les cadavres furent aussitôt apportés au crématoire et les morts enregistrées comme naturelles. 

À Mauthausen plusieurs méthodes sont utilisées pour procéder aux exécusions. L’une des plus courantes est celle dite de la toise. Le condamné est amené par l’escalier se trouvant à côté du Bunker dans le corridor situé sous ce dernier. Là il est placé contre le mur et un curseur est abaissé sur sa tête comme pour mesurer sa taille. Derrière le mur de brique se trouve un SS muni d’un fusil spécial dont le canon s’enfonce dans un orifice caché dans le mur, exactemet à la hauteur du cou du condamné. Une balle suffit. 

La pendaison de prisonniers a lieu dans la même zone du camp. Le détenu descend par le même escalier et une fois dans le sous-sol, à un endroit précis, une corde lancée par un gardien forme immédiatement un noeud coulant autour de son cou. Dans les deux cas. Le condamné n’a pas le temps de comprendre le sort qui va lui être réservé. 

 

Les 186 marches de la carrière du KZ de Mauthausen 

Le principal Kommando est celui de la carrière, Il est entouré de barbelé et de miradors. Chaque jour, des milliers d’hommes y descendent pour extraire des blocs de granit. Le travail est aussi pénible que celui qui a été créé à Gross-Rosen. Pour commencer, il fallait transporter des milliers et des milliers de blocs de granit à main nu pour bâtir les habitations en pierre et l’enceinte du camp. Les 186 marches conduisant du camp à la carrière aggravent le calvair des déportés. Chaque matin, il faut descendre ces 186 marches, au pas de course, sous les coups des SS placés tout au long. Le soir la remontée s’effectue par groupe de cinq, le plus souvent avec une pierre sur le dos. Celui qui tombe est aussitôt abattu par un SS ou précipité du haut de la carrière. 

PUNITION 

La seul punition prévue par les règlements étaient la bastonnade : 25, 50, 75 coups. Inutile de dire que l’on ne résistait que très rarement à plus de 50 coups. Beaucoups succombèrent avant. 

CHAMBRE À GAZ 

 

La chambre è gaz de Mauthausen 

Les victimes avaient été conduites vers le vestiaire, où elles devaient se déhabiller, pui ils pénétaient dans la pièce voisine où se trouvait plusieurs SS revêtus de blouses blanches. Ceux-ci mettaient une spatule de bois dans la bouche des victimes pour voir s’il y avait des dents en or. Si c’était le cas, le détenu était marqué d’une croix de couleur sur la poitrine ou sur le dos. Puis les victimes étaient menées dans la chambre è gaz carrelée, munie d’une installation de douches. À peut près quinze minutes après l’admission du gaz, Martin Roth : Le SS de service constatait par le regard situé dans la porte qu’aucune des victimes ne bougeait plus et mettait en marche les ventilateurs qui aspirait le gaz par une cheminée. Puis Roth ouvrait la porte de la chambre à gaz, après avoir vérifié au moyen d’un papier de couleur préparé à cet effet qu’il ne s’y trouvait plus de gaz et ordonnait aux détenus placé sous ses ordres de porter les cadavres à la morgue du crématorium. Avant la crémation, on coupait les longues chevelures des victimes féminines et les dentistes SS extrayaient les dents en or des détenus qui ont été gazés. 

CAMIONS À GAZ 

Tantôt le camion faisait la navette entre Mauthausen et Gusen : Dans chacun des camps on y chargeait des détenus, pour la plupart invalides et on déchargeait leurs corps à l’autre bout. Tantôt il circulait à l’intérieur du camp de Mauthausen jusqu’à ce queût cessé de vivre, son chargement humain qu'’il transportait ensuite au crématorium. C’était le SS, et en particulier le médecin du camp le Dr Kresback qui choisissaient les victimes. 

De l’ensemble des mémoires et des indications données, il résulte qu’entre 1942 et le 28 avril 1945, les gazages ont fait à Mauthausen plus de 4 000 victimes. En premier lieu, des citoyens soviétiques, mais aussi de nombreux Tchèques, Polonais et dans la dernière période des assassinats, principalement des membres de la Résistance autrichiennes, Allemandes, Yougoslaves, italiennes et Françaises. 

Kogon, Lanbein et Rückerl  considèrent que parmi les camps de concentration qu’on peut qualifier de camps d’extermination au sens strict du thème, Mauthausen est un cas particulier : on y a tué par les gaz plus de détenus que dans les autres KZ de concentration, que ce soit dans le camp principal, dans le camp annexe de Gusen ou dans un camion à gaz qui faisait la navette entre Mauthausen et Gusen. 

C’est à l’automne 1941 qu’est introduite la chambre à gaz du camp principal, dans la cave du Revier et près du crématoire. C’est une pièce de 3,8 mètres sur 3, 5 mètres de large, équipée de la même façon que celle qui ont déjà été décrites. 

 

 

 

SS Marin Roth 

Le tribunal de Hagen, en Westphalie, a jugé le SS Martin Roth qui a dirigé le crématoire de mai 1940 à fin avril 1945. Il a avoué avoir pris part, entre mars 1942 et fin avril 1945, à l’assassinat au moyen du gaz Zyklon B de 1 692 déportés. 

La chambre à gaz du camp principal a fonctionné jusqu’à la veille de la libération. Un détenu tchèque a noté qu’entre le 21 et 25 avril 1945, 1 144 personnes ont été gazées. Le dernier gazage a lieu le 28 avril. Dans les jours qui suivent, les SS font enlever les installations techniques afin de dissimuler la chambre à gaz aux Américains. 

 

Étiquettes de boîte allemande de Zyklon B en 1946. On peut lire, poison gazeux, ne doit être ouverte par des personnes expérimentés. 

Sur la base des recherches effectuées par les tribunaux, qui n’ont pu s’appuyer que sur des documents incomplets car la mention  exécution par le gaz figure rarement sur les registres, le total des personnes gazées a été évalué à 3 455, chiffre qui est donc inférieur à la réalité. 

 CAMP DE GUSEN 

Plusieurs gazages ont lieu dans le camp auxiliaire de Gusen, doté d’une installation similaire à celle du camp central. Ainsi 164 prisonniers de guerre soviétiques malades y sont gazés le 2 mars 1942 et 684 détenus inaptes au travail les 21 et 24 avril 1945. Il n’y a pas de renseignements sur les autres gazages pratiqués à Gusen. 

EXPÉRIENCES MÉDICALES 

 

Mauthausen : les terribles expériences du Docteur Rascher, commandées par la Luftwaffe. Ce détenu est en train de mourir dans de l'eau glacée. 

Toute une gamme d’expériences médicales ont été menée sur les déportés de Mauthausen et de Gusen. Elles comportaient l’essai de nouveaux vaccins et de nouvelles techniques d’alimentation forcée. Elles étaient supervisées par les médecins du camp ; le docteur Kresbach, le docteur Richter, le docteur Ramsauer, le docteur Gross et le docteur Wolter (qui avait été précédemment à Dachau, où il avait choisi des prêtres pour ses expériences). Ils pratiquaient aussi des opérations arbitraires aussi bien sur les malades que sur les détenus bien-portants, impliquant l’ablation de diverses parties du cerveau, de l’estomac, de la rate ou de l’intestin. Ces interventions avaient lieu dans la salle de dissection et les pièces anatomiques enlevées étaient mises en bouteilles et conservées.  

 ÉVASIONS 

Les évasions du camp principal ont été extrêmement difficiles. Les tentatives ont été plus nombreuses dans les kommandos et les camps extérieurs et quelques-unes ont réussi, surtout vers la fin de la guerre. 

Ainsi des Français internés à Loïblpass près de Mauthausen peuvent s’évader le 17 septembre et le 7 octobre 1944 : des Autrichiens les hébergent et les mettent en relation avec des partisans slovènes qui les accueillent. Le 15 novembre 1944, l’Allemand Kaspar Bachl, travaillant lui aussi dans un camp annexe de Mauthausen, parvient à s’évader avec l’aide de sa femme ; il est hébergé jusqu’à la fin de la guerre à Fuschl chez des antinazis. 

La population n’a d’ailleurs pas toujours cette attitude. Par exemple le 5 avril 1942, trois Espagnols parviennent à s’évader de Vöcklabuck, kommando dépendant de Mauthausen, en grande partie grâce à l’aide d’une jeune fille qui leur procure des cisailles ; arrivés dans la montagne, ils rencontrent un garde forestier qui tire sur eux sans avertissement et les blesses. 

La tentative la plus importante a lieu au camp central dans la nuit du 2 au 3 février 1945,  lors d’une révolte du Block 20 par des officiers soviétiques  environ 400 s’évadent grâce à des couvertures jetés sur les barbelés électrifiés, plus de trois cents furent tués ou capturés. Les hommes demeurés au Block 20 furent exterminés le lendemain matin et le Block désafecté. Finalement dix-sept fugitifs seulement ne furent pas retrouvés. 

LA FIN 

 

Dans les derniers mois de la guerre, les conditions d’existences au KZ et dans ses camps annexes se modifient du fait de l’afflux d’évacués provenant des autres KZ Auschwitz, Gross-Rosen, Sachenhausen et Ravensbrück. La ration alimentaire diminue encore : Le dernier mois, chaque déporté ne reçoit quotidiennement que 100 grammes de pain et de l’eau chaude, au camp, des malades, aucunes nourritures n’est distribuée à différente reprise. 

L’article de Michel de Bouad permet de suivre l’action de l’organisation clandestine du camp, dont il est l’un des responsables : Dès 1944, le principe et la préparation lointaine d’une action militaire avait été envisagés; mais ses en février 1945, que prit corps l’organisation de combat des Häflinge. À cette date, les Comités nationaux et le Commité International avaient, très efficacement préparé le terrain. Chacun d’eux fut alors doublée d’un groupe de commandement militaire. Les hommes les plus valides furent groupés en petite unité de combat et instruit de la tâche qui leur était dévolue. Quelques pistolets et grenades à main avait été soustraits du magasin d’armes SS par des détenus espagnols travaillant au garage. Ils avaient fabiqués une clef d’un meuble qu’ils savaient contenir des armes et des munitions. Le 7 mai au matin, l’armée américaine prend possession du camp. Celui-ci n’avait pas été signalé à la 11e division opérant dans le secteur et rien n’avait été prévu pour améliorer le sort des détenus au moment de la libération du camp. Plus de 700 cadavres entassés dans les allées attendent l’incinération. 

Dans les derniers jours d’avril,  le camp de Mauthausen les déportés voient les SS qui se retirent et Ziereis transmet le commandement du KZ au capitaine Kern de la Schutzpolizei de Vienne. Le Comité international délègue vers celui-ci le docteur Durmeyer et Hans Marsalek, Kern accepte que le Comité international administre le camp intérieur. Le 5 mai, le Comité International tient sa première réunion non clandestine sous la présidence du docteur Durmeyer. Il décide que les groupes de combat, sous le commandement du colonel autrichien Codré et du major soviétique Pirogov, occupent le village de Mauthausen et se mettent à la recherche des SS en fuite, Le bourgmestre nazi de la commune est remplacé par un antifasciste. 

 

D’après Michel Brouad le 11 mai 1945, le camp central comptait encore 15 211 déportés dont 2 079 femmes. Le 7 juin, tous les Français, Belges, Luxembourgeois, Hollandais et Soviétiques ayant été rapatriés, il reste à Mauthausen 5 200 déportés dont 850 femmes; 1 621 sont malades. 320 000 détenus avaient été immatriculés à Mauthausen et dans ses annexes. Le chiffre officiel des victimes n’ayant pas été enregistrées, le nombre total des victimes doit approcher de 200 000. Un monument a été érigé au cimetière du Père-Lachaise à Paris pour rappeler la mort de 8 205 Français à Mauthausen. 


08/04/2013
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